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Le bal des Piémontais

samedi 18 octobre 2025, par Gihelpe

Ci-après un extrait du livre très intéressant de Robert Giannoni « Ils venaient du Piémont … » qui retrace la vie des Piémontais à Toulon dans les années 1880.

Sur les 70.000 habitants que comptait Toulon à cette époque-là, quelques 10.000 étaient Italiens dont la plupart provenaient du Piémont ou de la région de Gênes. Quant aux autres, originaires des provinces méridionales, étiquetés hâbleurs et coureurs de jupons, on les désignait tous sous le nom de Napolitains, pour les distinguer des travailleurs du nord jugés dans l’ensemble sérieux et plus fiables.
Ils avaient créé avec l’aide du Consulat d’Italie, une amicale qui organisait chaque année, à l’orée du printemps, un repas suivi d’un bal. On en parlait sur le Cours Lafayette et dans les boutiques comme une fête à ne pas manquer.
Le bal des Piémontais n’était pas comparable à celui de la Préfecture Maritime. C’était une rencontre d’ouvriers, d’artisans et de modestes commerçants qui s’étaient connus autrefois au pays ou que des circonstances plus ou moins douloureuses venaient de rapprocher dans leur ville d’accueil.

Chacun devait payer son écot à l’avance. L’établissement loué pour le dimanche suivant la Saint-Joseph était situé dans le faubourg de Valbourdin et pouvait recevoir sur la terrasse et dans la salle de restaurant jusqu’à 200 personnes.
Selon le temps le repas était servi dans le jardin et nécessitait une douzaine de tables à tréteaux. A midi des serveurs apportaient des chaudrons de polenta fumante préparée dans la matinée par des cuisinières bénévoles. Sur chaque table étaient disposées des casseroles contenant la sauce.
Le Consul d’Italie offrait pour l’occasion deux tonnelets de Barbera provenant de sa propriété de Valenza sur la rive droite du Po. C’était un cadeau princier pour les participants qui, faute d’argent, ne connaissaient ce rouge généreux que par ouï-dire.
Comme il était réconfortant de se retrouver ainsi entre compatriotes après les longues journées d’hiver ! On échangeait les nouvelles des vieux qui étaient restés au pays, on apprenait ce qui s’était passé entre-temps sur leurs terres où la situation ne s’était guère améliorée. Le vin aidant, cette pensée balayait les derniers regrets d’être partis et faisait naître des rêves d’avenir.
Il ne restait dans l’esprit des pionniers qu’un peu de nostalgie qui réapparaissait lors de ces réunions amicales, mais rien qui ne pût en tout cas arrêter une population en quête d’une nouvelle identité.

A la fin du repas au cours duquel les jeunes-gens avaient eu le temps de s’observer, les musiciens se levaient de table, prenaient leurs instruments et montaient sur l’estrade au fond de la grande salle décorée de guirlandes et de cocardes tricolores. Des tables et des chaises étaient disposées en face du petit orchestre et de chaque côté de façon à dégager assez d’espace pour la dance.

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