Les combats de la papeterie de Beauzée

Aimé Papel, mort au champ d’honneur le 7 Septembre 1914, faisait partie de la 2ième Compagnie du 312ième RI (Régiment d’Infanterie) en provenance de Toulon. Les archives officielles de ce Régiment, décrivent avec précision les opérations qui ont précédé et suivi la mort de notre aïeul.
Pour mieux comprendre les mouvements de troupe décrits dans les archives, et surtout reconstituer les derniers moments de mon grand-père, il est utile de bien visualiser comment la 65° DI était architecturée.

Cette carte montre que c’est la 65° Division qui était en charge d’arrêter l’avance allemande dans l’offensive de la Marne en ce début de Septembre 1914.

 
Les manœuvres détaillées des combats de Séraucourt

On a essayé de faire une synthèse de 3 documents (le carnet de notes, le JMO et l’Historique du 312e RI) pour reconstituer le parcours d’Aimé pendant les heures qui ont précédé sa mort, ainsi que le lieu exact où il est tombé. Priorité est donnée au carnet de notes.
Il semble que toute la 65e Division se soit regroupée dans l’après-midi du 6 Septembre dans « l’immense » vallon qui va d’Amblaincourt à Deuxnouds et qui est barré au sud par la route de Bar-le-Duc à Clermont-en-Argonne.

Cette photo montre la très impressionnante file de camions amenant la 65e DI prendre position à Deuxnouds. On reconnait au centre le petit pont en structures métalliques qui traverse l’Aire entre Beauzée et Amblaincourt.

Le 312e RI qui était déployé à Neuville-en-Verdunois à une dizaine de kilomètres de là est venu, lui, à pied jusqu’à Seraucourt d’où ils sont repartis vers Deuxnouds en fin d’après-midi le 6 Septembre, comme en attestent le carnet de notes et l’historique du régiment.
Le 312e RI est dans un premier temps positionné au Nord-Est, à la sortie-Est de Deuxnouds en soutien au 154e RI en lisière du bois d’Ahaye. Ils s’apprêtent à bivouaquer là sur la pente du coteau, quand ils sont survolés par les avions-espions allemands. Un peu plus tard les obus commencent à pleuvoir sur tout le vallon.
A 4h du matin, ils reçoivent l’ordre de changer d’objectif et de participer à l’attaque de la Papeterie de Beauzée dès le lendemain matin. Ils font donc demi-tour et vont se positionner, sous les obus, entre le 311e RI au Nord et la 130e Brigade au Sud. Ils vont ensuite tenter de s’approcher au plus près de l’ennemi en attendant l’ordre d’attaquer.
Sur le schéma ci-dessus du Plan de Combat de Deuxnouds, il est intéressant de noter les lignes de niveau de la colline à l’Ouest de Deuxnouds.

Ces lignes de niveau se resserrent au niveau de la route qui monte à la côte 294. Le JMO affirme qu’ils ont emprunté la route qui monte jusqu’à la crête (côte 294), ce qui pourrait aussi correspondre à la description du collègue d’Aimé qui décrit dans son carnet, une pente excessivement raide suivie d’un plateau immense. Mais les descriptions du carnet concernant le relief du terrain, peuvent laisser penser que la 2ième Compagnie d’Aimé a coupé à travers champs directement en direction de la Papeterie, sans passer par la côte 294.
L’artillerie lourde allemande étant dans le bois de Renonlieu au Nord, ils sont très proches et donc bien dans l’angle mort des obus.
Il semble que l’ordre d’attaque donné par le sergent Tortel du carnet de notes ait été donné à 8h30 du matin du 7 Sept, en accord avec le JMO et l’historique du 312e RI.
On a figuré sur le schéma de reconstitution la section de mitrailleuses déployée à la hâte par l’armée allemande pour prendre à revers et stopper la percée du 312e RI, ce qui a dû être à l’origine de la mort d’Aimé, atteint d’une balle dans les reins, dans la position du tirailleur couché, comme décrit dans la déposition du soldat Charles Guiol en Septembre 1919.
Il est très dommage que le carnet de notes ait été censuré par les allemands quand le camarade d’Aimé a été fait prisonnier, car c’était l’endroit où il décrivait exactement le lieu de sa mort.