Sa dernière lettre envoyée à ses proches, date du début du mois d’Aout 1914. C’est à la veille de son départ pour le front où il mourra moins d’un mois plus tard. Il y écrit sa confiance en ses officiers.

Bien Chers Parents
C’est peut être la dernière lettre que je vous envoie du Golfe*. Nous partons demain mais personne ne doit savoir où nous allons, pas même le colonnel qui n’ouvrira le pli qu’au moment de notre mise en marche. Nous partons confiants en notre bonne étoile. Augusta n’a qu’à faire ce qu’elle veut pour les réparations. Papa* me remplacera avantageusement auprès du maçon cet été. Ne vous faites aucun mauvais sang nous avons de bons chefs très aimables. Mon rhume est guéri. J’ai acheté deux flanelles. Celle que j’ai se déchire toute.
Ce soir nous allons faire un bon repas au restaurant. Nous ne nous faisons pas de bile, nous aurons bien le temps quand il y aura 2 ou 3 mois que nous serons sans nouvelles les uns des autres.
Cependant, quand même que vous ne receviez pas de nouvelles, envoyez-moi des lettres comme je vous en enverrai quand même que je n’en reçoive pas. Dans la quantité, nous aurons bien la chance d’en recevoir !
Je n’oublie ni la prière, ni la médaille* ni l’image* que maman m’a donnée. Donne de mes nouvelles à tous.
Je vous embrasse tendrement et du fond du cœur !
Aimé
PS 1 : Le Golfe dont il parle est le petit port de Golfe-Juan entre Cannes et Antibes. Ce lieu de regroupement des troupes est un peu le paradis avant l’acheminement vers l’enfer du front dans le nord.
PS 2 : « Papa » c’est son beau-père, Louis Tremelet.
PS 3 : C’est la médaille de première communion d’Augusta, qu’elle lui a donnée pour lui porter chance.
PS 4 : Sans doute une image pieuse de la Vierge-Marie donnée par sa mère Marie Bize.



