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Premier tableau Augusta et son Aimé PAPEL

lundi 5 mai 2025, par Gihelpe

Comme la grande majorité des mariages à l’époque, celui entre Augusta et Aimé Papel était un mariage arrangé. On a découvert récemment que c’est son oncle Hippolyte qui est à l’origine de cet arrangement, mais en tous cas celui-ci fut une réussite, et ma grand-mère nous a toujours dit que ça avait été pour elle un coup de foudre immédiat !

Après seulement 6 ans de mariage, Augusta perd son mari dans les premiers jours de la guerre 14-18, mais il lui faut élever ses deux jeunes enfants. Elle ne reçoit probablement pas de pension car le décès ne sera pas officialisé avant la fin de la guerre.

Elle commence donc à travailler comme secrétaire aux Chantiers Navals de La-Seyne vers 1915, d’autant plus facilement que c’est là que travaillait son mari avant de partir à la guerre. C’est sans doute à cette époque-là qu’elle devient sympathisante communiste, un engagement probablement inspiré par son père et qu’elle transmettra à son fils Fernand, et à Louis dans une moindre mesure.

Pour se rendre de la Place Gustave Lambert où elle habite, à son travail aux Chantiers, la navette par bateau entre Toulon et La Seyne s’impose naturellement.

En 1888 est construit le premier bateau à coque métallique, d’une capacité respectable puisqu’il pouvait transporter 350 passagers. Puis la Société confie aux Forges et Chantiers de la Méditerranée, établissement fondé en 1855, la construction de jolis bateaux sans mâture avec une cheminée très haute comme : La Mouette, L’Alcyon, L’Albatros, Le Lagane, et beaucoup plus tard, un autre Le Favori, capables d’effectuer le trajet La Seyne-Toulon en moins d’une demi-heure.
La machine occupait la partie centrale où s’affairaient le mécanicien et son aide. À l’avant et à l’arrière, de longues cabines tenaient les voyageurs à l’abri des intempéries. Les banquettes nombreuses et confortables rendaient la traversée agréable. Le pont supérieur, fréquenté à la belle saison, se couvrait de grosses toiles tendues pour éviter aux voyageurs l’ardeur excessive de la canicule. Les illustrations jointes à notre texte permettront au lecteur de se faire une opinion plus complète sur la conception de ces moyens de transport agréables.

Elle racontait que comme elle commençait à devenir sourde, ses copines de bureau notaient en douce les textes dictés par son chef pour être dactylographiés, de façon à pouvoir l’aider à reconstituer les passages qu’elle n’avait pas entendus.

Tous les jours, elle passait à l’église Notre-Dame-du-Bon-Voyage, en bas du marché, dire une prière pour le retour sain et sauf de son cher Aimé. Il nous semble nous souvenir qu’elle nous avait dit qu’elle habitait alors Rue d’Alsace, une petite rue parallèle au marché. Peut-être n’allait-elle donc voir ses enfants Place Gustave Lambert, gardés par ses parents, que le week-end. L’acte de mariage avec Hippolyte spécifie bien qu’elle habitait à La-Seyne.

C’est à la fin de la guerre seulement, qu’elle reçoit du Ministère des armées la confirmation officielle de sa mort au combat.

Et ce n’est qu’en 1922 qu’on lui donne la possibilité d’aller identifier et récupérer les restes de son Aimé à Séraucourt dans la Meuse avec ses deux fils, pour bien leur faire réaliser les horreurs de la guerre. Cette scène très dure se déroule sur le champ de bataille même, où les corps des soldats avaient été enterrés sommairement sous la mitraille.

Louis et Fernand furent très traumatisés de voir les lieux où leur père était mort. Tous les deux en resteront d’ailleurs profondément antimilitaristes. Le corps est identifié grâce à la médaille de première communion d’Augusta et d’autres gourmettes en or qu’elle lui avait données. Ces médailles ensuite accrochées sur une statuette de la vierge, restèrent sur sa table de nuit tout au long de sa vie, là où elle faisait ses prières avant de s’endormir. A sa mort, mon père décidera de les placer avec elle dans son cercueil.

On comprend de cet avis de décès, que les restes des soldats morts pour la France étaient d’abord convoyés par trains spéciaux jusqu’à leur ancien centre de recrutement, où ils étaient remis aux familles. C’est donc à Nice que notre famille a dû se rendre pour l’accompagner sur le dernier tronçon jusqu’à Toulon. L’avis doit dater de Juillet 1922.
Pour une reconstitution très réaliste de ce qu’a dû vivre Augusta partie récupérer les restes de son Aimé à Séraucourt, on pourra voir le film de 1989 de Bertrand Tavernier avec Philippe Noiret : « La vie et rien d’autre ! ».

Sur chaque ex-champ de bataille, l’armée exhumait tous les corps de soldats enterrés à la va-vite lors des combats, et prélevait tous leurs objets personnels, les étiquettait et les notait dans des registres.
Ensuite ils organisaient le transport des familles concernées par trains puis par camions militaires jusqu’au site. Les familles essayaient alors de reconnaitre les objets de leur proche, parfois avec hésitation car beaucoup d’objets étaient similaires. Les étiquettes permettaient de les relier aux cadavres des soldats et les parents venaient tenter de les reconnaitre. Les enfants en bas âge étaient écartés lors de cette dernière phase très éprouvante !
Sur place les familles étaient nourries à la même cantine que les soldats. Le cas échéant ils étaient logés dans des barraquements réquisitionnés. Tous les frais étaient pris en charge par l’état y-compris le rapatriement des corps, mais certains agents peu scrupuleux profitaient de la détresse des gens pour leur proposer leurs services, moyennant finances, soit-disant pour faciliter les démarches.

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