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Louis PAPEL le père rangé

jeudi 1er mai 2025, par Gihelpe

Au début la famille vivait au 37 avenue Valbourdin, tout près de nos grands-parents Marmottans, et c’est là que nous sommes nés tous les trois. Dans les années cinquante, mon père achète sur-plans un appartement (au rez-de-chaussée car c’est le dernier qui restait, du bel immeuble des « Hirondelles » à Claret, derrière la gare. Nous y passerons toute notre enfance, et ma mère fera des miracles de planification comptable pour en rembourser les emprunts, chaque mois.
Dans cet appartement moururent à leur heure, ma grand-mère Augusta, mon grand-père Baptistin et mon père Louis.

Mon père avait une méthode très efficace pour nous faire manger la soupe de légumes qu’on détestait. Avec la cuillère il traçait une ligne du haut en bas de l’assiette, et conciliant, il nous accordait : « d’accord, alors tu ne manges que la partie de droite ! ». Je ne sais pas jusqu’à quel âge nous avons été dupes !

Jeune marié, il achète une voiture, mais une grosse panne (une bielle coulée) pendant les vacances dans les Alpes en grimpant le col Bayard, l’en dégoûte définitivement au grand désespoir de ma mère.
Etant jeunes, nous n’avons jamais eu de voiture. Tous les dimanches nous allions chez ma grand-mère à la Campagne des Moulières en car. On connaissait le chemin par-cœur, et au retour on comptait les minutes pour arriver à temps pour voir le film à la télé !
Ce trajet de retour en car tournait d’ailleurs parfois à l’expédition.
Quand on le ratait à l’arrêt du bout du chemin de la Campagne, en face du café-restaurant « Chez Bébert », il fallait aller à pied jusqu’au « Pas-du-Loup » sur la route des Sablettes. On marchait alors pendant près d’une demi-heure, en file indienne sur la route avec les rares voitures qui nous frôlaient !
Dans le car le contrôleur vendait les billets en fonction de la distance avec un gros carnet à souches multicolores. Pour se rendre intéressant, mon père lançait parfois vers les passagers « en voiture, serrez dans le couloir SVP ! », comme l’aurait fait le contrôleur. « Allez, roulez ! » lançait-il aussi au chauffeur quand les derniers passagers avaient fini d’embarquer. Nous, on ne savait plus où se mettre, tellement on avait honte !

Mon père ne conduisant pas, il avait une voiture de fonction (une Peugeot 203 grise) et un chauffeur attitré, Fantino, qui était très amical avec nous. Tous les matins ils nous amenaient à l’école avant d’aller au bureau. Quand on était en retard, on priait Fantino d’aller plus vite, et chaque fois il nous répondait : « alors, on va sortir les ailes ! ». Un jour, dans un petit embouteillage, on a été légèrement percuté par l’arrière. Fantino voulait faire un constat, mais mon père l’a arrêté brusquement, il venait de reconnaître la conductrice : Marthe Limongi, la grande amie de ma mère, connue pour sa maîtrise approximative du volant.

Il n’aimait pas spécialement la grande musique comme ma mère, mais par-contre il était passionné par les sciences. Un jour il m’avait expliqué en détail qu’il avait pensé creuser un puits canadien en forme de tranchée enterrée remplie de galets, le long du chemin de la campagne, pour climatiser la maison, quand personne ne savait même ce que c’était ! Il était un abonné fidèle à la revue « Sciences-et-Avenir » qu’il lisait et relisait plusieurs fois. Il en conservait soigneusement tous les numéros (on les a encore !).

Tous les étés nous allions au Brusc passer le mois de Juillet à la mer. On louait la petite maison à deux pas de la mer, attenante à la villa d’un certain René Gérard, Toulonnais professeur de Français/Latin expatrié en Alsace.
Avec lui nous avons appris à faire des petites statuettes en argile de personnages comiques à la Dubout. Pour ça on allait chercher des grands pains d’argile aux tuileries « Romain Boyer » de la Coudoulière, avant de les modeler sous ses conseils, puis de faire les finitions avec une épingle de cheveux. Ensuite on les laissait sécher et on les peignait à la peinture à l’eau.

Nos meilleurs amis étaient Bernard, le fils des gardiens Victor et Marie Peppo, et les deux frères Annibal, (Jean-)Pierre et Michel dit « Choule ». Chaque année Gérard ramenait un ou deux de ses élèves alsaciens dans sa villa, et le soir on jouait tous ensemble aux cartes, avec René en maître de séance !

Bien qu’il soit de gauche et anticapitaliste invétéré, mon père avait quelques actions, et suivait méticuleusement les cours de la Bourse en faisant des tas de graphiques compliqués. On n’a jamais fait fortune pour autant, mais la revente de ses titres Bull lui a quand même permis d’acheter le terrain du Brusc dans les années soixante.
Il a fait les plans détaillés de notre future maison de vacances et surveillé de près sa construction en 1967 (en car !).

Salvagno, l’entrepreneur, était un ami de Tonton. Il était borgne avec un cache-œil noir tenu par des élastiques. Il était donc logiquement surnommé « Tapa ». Il avait une poigne redoutable, et prenait un malin plaisir à nous écraser les doigts chaque fois qu’on le rencontrait. A cette occasion, mon père nous a initiés au bricolage et au jardinage, moi et mon frère.

Il meurt en 1989 dans son lit et dans les bras de Marino, des suites d’un AVC et d’une insuffisance respiratoire due à la cigarette, heureusement sans n’avoir connu ni la chute du mur de Berlin ni celle de l’Union Soviétique !

Mes parents dans le jardin du Brusc avec tous leurs petits-enfants : Mélissa, Mathieu, Magali et Marion

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