Deux ans après la mort de Fernand-Marius, Marie Bize se remarie en 1888 avec Jean-Baptiste Dussaut.
Elle n’avait que 24 ans quand elle s’est remariée, mais n’a pas eu d’autres enfants au cours des 8 ans de vie commune avec Jean-Baptiste.
L’acte de mariage de 1888 stipule que Jean-Baptiste Dussaut était à l’époque locataire dans l’immeuble des Bize de la Place Gustave Lambert (anciennement Place du vieux-Palais) au moment du mariage. Il avait donc succédé à Fernand-Marius, son collègue de régiment, dans la même chambre de bonne, après le mariage de celui-ci et son installation avec Marie dans les étages bourgeois du bas.
Ce qu’on a pu reconstituer de lui est qu’il est né à Bardos dans les Pyrénées-Atlantiques, fils d’un tanneur et d’une couturière. Suivant la tradition basque son frère aîné héritera seul de la maison familiale et des terres alentours, à la mort de leurs parents. Il décide donc comme beaucoup dans sa situation, d’aller chercher fortune ailleurs.
Il fait des études de mécanicien à Aix-en-Provence, probablement à l’Ecole des Arts-et-Métiers, qui à l’époque forme des techniciens issus des classes modestes.
Il fait son service militaire à Toulon comme mécanicien. Pendant son service il rencontre Fernand-Marius et un certain Victor Larue qui font comme lui leur service en tant que mécaniciens de marine. Tous les trois se lient d’une forte amitié.
Victor est Toulonnais d’origine, engagé-volontaire. Vers la fin de son service, il est muté à Saïgon en Cochinchine puis est démobilisé là-bas en Juillet 1879. Il décide alors de rester à Saïgon et y ouvre une entreprise de glace et de bière, fort appréciée des colons français. C’est une réussite spectaculaire !
Moins de 3 ans après son mariage avec Marie, Jean-Baptiste revoit à nouveau Victor Larue qui est en congé à Toulon. Ce dernier le persuade de venir travailler avec lui en Indochine. Il est déjà libéré de toutes ses obligations militaires, et il décide de tenter sa chance et d’aller y faire fortune.
En effet, au recensement de 1891, Jean-Baptiste est déjà parti puisque Marie est signalée vivre seule avec ses parents, Place Gustave-Lambert.
Il y réussit si bien qu’il devient directeur de la succursale d’Hanoï, au Tonkin, et fournisseur du Palais Impérial de Hué. Il est même décoré du titre honorifique de Chevalier, le 25 Novembre 1894.
Il décède à Hanoï en 1896, d’une grave maladie de foie.

On apprend de cette chronique qu’il était passionné de musique et qu’il devait jouer d’un instrument dans le cadre de la Société Philarmonique.
On comprend ici que pendant son service militaire à Toulon, il faisait donc probablement partie de la Musique des Equipages de la Flotte !
La fin de la chronique est très ambigüe et évoque peut-être un problème conjugal qui expliquerait pourquoi Marie Bize ne l’a jamais rejoint à Hanoï pendant toutes ces années. Le plus probable est qu’il a dû avoir une deuxième vie avec une belle indigène, ce qui était courant là-bas mais très mal vu de la communauté des colons.
Cette hypothèse est confortée par le fait que l’original du diplôme de Chevalier Impérial a été trouvé à Bardos et non pas chez Marie. Ceci prouve que lors de ses rares congés en France il allait (aussi) voir sa famille dans les Pyrénées.
Aimé n’avait que 12 ans à la mort de son parâtre en 1896, mais n’a pas dû le connaitre beaucoup. Malgré la réussite professionnelle de Jean-Baptiste, Marie ne semble pas avoir hérité d’une grande fortune.
Marie aura donc trouvé ses deux maris dans la chambre de bonne de ses parents, les aura laissé partir aussitôt après le mariage et les aura perdus tous les deux en Indochine ! L’Histoire a bégayé deux fois !

Cette photo, sans annotation est peut-être de lui. Si c’est le cas, c’est la seule que nous ayons ! En tout cas, ce devait être quelqu’un de proche dans la famille puisqu’on voit que la photo a eu une histoire mouvementée. Ce n’est pas une simple photo d’album ! Elle a sans doute même été punaisée sur un mur.

Décédée en 1938 à La-Seyne chez Augusta, sa belle fille, à l’age de 74 ans, Marie-Antoinette Bize est enterrée au cimetière de Lagoubran à Toulon, probablement avec ses parents dans le caveau de famille des Bize (ou celui des Mille ?).