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L’éducation des vers à soie

mercredi 4 juin 2025, par Gihelpe

Quelques infos complémentaires sur la culture du ver à soie :
• 1853 : Production record de 26.000 tonnes de cocons dans l’année, cette progression se fait au détriment des exigences sanitaires.
• 1856 : La production tombe à 7.500 tonnes de cocons, suite à la maladie du ver à soie.
• 1865 – 1870 : Louis Pasteur étudie dans les Cévennes (Gard et Ardèche), deux maladies : la pébrine et la flacherie. Il propose une méthode de prophylaxie et publie un livre intitulé « Étude sur la maladie des vers à soie ».
• 1891 : La sériciculture est à l’origine du confetti en papier. L’élevage du ver à soie utilisait des feuilles de papier perforé de petits trous ronds. Les chutes sont utilisées, comme projectiles, dans un bal masqué donné à l’occasion du Carnaval de Paris.
• Il faut donner à manger aux vers peu à la fois et souvent, soit 4 fois par jour. Les repas doivent être donnés à heures régulières. Les vers mangent avec plus d’avidité et profitent mieux de la nourriture qui doit être répandue uniformément. Pour 25 à 30 g de graines on estime qu’il faut distribuer, pendant les 32 jours que dure en moyenne l’élevage, environ 1300 kg de feuilles.

Au XIXe siècle, au printemps, dans les mas cévenols, toute la maisonnée s’activait pour "éduquer" les vers à soie. Au début, une seule personne suffisait pour nourrir les vers minuscules avec les feuilles naissantes des mûriers. Mais quatre semaines plus tard, il fallait beaucoup monde pour cueillir des centaines de kilos de feuilles...
L’éducation (on ne parle pas d’élevage) des magnans (les vers à soie) a fait la richesse des Cévennes pendant des siècles. Grand-mère achetait la « graine » (les oeufs) sur un « pétas » (morceau de tissu), elle la mettait dans un petit sac suspendu à son cou, pour la tenir au chaud. Quand ils étaient nés, elle les montait à la « magnanerie » (pièce qui occupait tout le dernier étage des mas) et les installait sur des claies.
En un mois, ces « lépidoptères », bien nourris avec en exclusivité des feuilles de mûrier, passent de 1 mm à 9 cm. Ils doivent muer 4 fois car la peau ne peut pas s’adapter à cette croissance exponentielle. Quand ils changent de peau, ils ne mangent plus pendant 24 h : Ils « duguent ». Après la dernière mue, la « grande frèze », ils se préparent. Ils cherchent un endroit propice au milieu des branches de bruyère (le brus) que le sériciculteur a installé en forme de cabane. Le ver tisse son cocon : 1000 à 1500 mètres d’un fil très fin et très solide. A l’intérieur du cocon, la chrysalide se forme puis devient papillon. Il faut donc « décoconner », (retirer les cocons) et les porter à la filature avant que le papillon ne sorte en détruisant le fil.
C’était le bon temps, disait grand-mère. Mais les maladies et la concurrence des soies asiatiques ont eu raison de cette éducation.

Ainsi allaient les Cévennes, entre l’arbre d’or (le mûrier) et l’arbre à pain (le châtaignier). Mais les collines de nos vallées ne sont pas de tout repos. Les « faïsses » soutenues par des murettes, vous savez, « celles qui montent jusqu’au sommet de la colline » n’ont jamais été un jardin d’Eden. Il fallait avoir « l’âme bien née et noueuse comme un pied de vigne » pour survivre dans ces montagnes… « Ils ont quitté un à un le pays » … Bienheureux ceux qui ont su résister à l’appel des sirènes !

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