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L’expédition du Tonkin

mercredi 4 juin 2025, par Gihelpe

Un peu de géopolitique

Le Tonkin est une ancienne province autonome au nord du Vietnam actuel. Dans les années 1880 qui nous intéressent, cette province est gouvernée par l’empire des Annamites. Le pays est par ailleurs en proie à des bandes de pirates les « Pavillons Noirs » d’origine chinoise qui terrorisent, pillent et rançonnent les populations locales. L’armée Annamite les contient difficilement et s’en accommode bon gré mal gré.
La Chine, son voisin du Nord, est alors gouvernée par la dynastie des Tang en déclin.

La France, elle, est en pleine période d’instabilité politique. Jules Ferry, à la tête du gouvernement est à la recherche de succès pour relever son image. Il cherche à établir une présence française au Tonkin pour favoriser le commerce et les exportations françaises. Il envoie pour cela le Commandant Rivière à la tête d’une petite armée de 500 hommes : c’est la première expédition du Tonkin. Celui-ci outrepasse les consignes de prudence de Ferry, et s’empare assez facilement de la ville de Nam Dinh un peu au sud de Hanoï.

La Chine ne voit pas d’un bon œil cette influence Française grandissante, mais n’a plus les moyens militaires pour intervenir. Elle se contente d’appuyer officieusement les bandits en leur fournissant des armes.

Peu après l’armée de Rivière tombe dans une embuscade tendue par les bandits chinois. Les pertes sont lourdes. 80 soldats sont massacrés sauvagement, et Rivière lui-même est tué et décapité. Sa tête au bout d’un lance, est exposée dans la ville.
Cet affront retentissant ne peut pas rester sans réponse, et Ferry lance une expédition militaire punitive au Tonkin.
Cette seconde expédition est constituée exclusivement de volontaires, car les conscrits ordinaires ne sont pas mobilisables pour des missions coloniales. Elle part de Toulon en Mai 1883.

L’escadre, dirigée par l’Amiral Courbet, arrive un mois plus tard dans la baie de Tourane, au large de la ville de Hué. Le célèbre écrivain Pierre Loti est alors un officier de Marine à bord de l’Atalante. Il relate les premiers combats de façon très précise, dans une série d’articles au Figaro. La flotte bombarde d’abord massivement et avec beaucoup de précision les lignes de défense extérieures de la ville de Hué, tenues par l’armée Annamite et les bandits. Les navires sont hors de portée des antiques obusiers ennemis.
Les troupes d’Infanterie de marine sont ensuite débarquées pour prendre possession des lieux. Mais les bombardements avaient déjà fait beaucoup de dégâts et les marins français rencontrent peu de résistance de la part des Annamites effrayés, mal armés et peu motivés. La peur au ventre suite aux récits de barbarie de l’embuscade de Rivière, et galvanisés par leur progression rapide, beaucoup de jeunes marins commettent à leur tour des massacres au-delà du nécessaire pour assurer leur victoire.
Les notables Annamites qui voient l’inégalité des combats décident rapidement de négocier, pour éviter l’invasion et le pillage de la ville de Hué.

Après quelques jours d’occupation des faubourgs en périphérie de Hué, et après avoir été autorisés par leurs officiers à prélever dans les ruines conquises tous les souvenirs qu’ils pourraient emporter, les marins victorieux regagnent leurs bateaux sous les regards envieux de leurs camarades restés à bord. Les butins sont constitués de porcelaines, soieries brodées et éventuellement bijoux, prélevés dans les maisons et les boutiques abandonnées.

Ces exactions sont rapportées par Pierre Loti dans ses articles au Figaro, et il est sanctionné pour avoir terni les succès de l’armée, et porté atteinte à la propagande coloniale.
En parallèle à cette prise de Hué, une autre intervention Française a lieu dans le Delta du Fleuve Rouge près de Hanoï, dirigée par le Général Millot. C’est sans doute à celle-là qu’a participé notre Fernand-Marius.

En décembre 1885, la Chine entérine le traité de Hué et accepte l’administration du Tonkin par la France.

Ambiance au départ de Toulon

Afin de nous mettre dans l’ambiance, suivons un jeune engagé volontaire, le marsouin Mercier *, qui ... « le 12 septembre 1890, se préparait au départ pour le Tonkin, dans la cour du quartier à Rochefort. Les paquetages faits, il quittait avec ses compagnons la ville au son de la Marseillaise. A la gare, la population en foule les acclamait et les saluait de hourra répété, auxquels ils répondaient gaiement. En route pour Toulon... Sitôt arrivés, ils sont dirigés sur les bateaux-pontons qui servaient de casernes aux troupes de passage.

Le lendemain, le grand départ est fixé à 3 heures sur le « Comorin », mêmes scènes de liesse nationale aux cris de « Vive la France », « Vive l’Armée ». La scène est poignante et leur serre le cœur. Tout le monde avait revêtu la tenue coloniale et était en bourgeron de toile avec le képi recouvert du couvre-nuque.
.../... » ...32 jours de mer plus tard... Le Tonkin !

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