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Saint Andéol de Trouilhas

mercredi 4 juin 2025, par Gihelpe

L’origine de notre branche généalogique des Papel, aussi loin qu’on puisse remonter, se situe très exactement dans le petit village de Saint-Andéol- de-Trouilhas. Cela vaut bien de lui consacrer une annexe complète !
Commençons donc par Andéol. Il s’agit d’un sous-diacre originaire de Smyrne (l’ancien nom d’Izmir en Turquie) envoyé en Gaule par l’apôtre Jean au 2ième siècle, avec pour mission de « porter l’évangile dans les régions méridionales que fertilise le Rhône ».
Le 30 avril 208, alors qu’il prêche devant une foule nombreuse à Bergoïata, dans le Vivarais (Ardèche actuelle), l’empereur Septime Sévère, de passage dans la cité, le fait arrêter et comparaître devant lui, le christianisme étant interdit.
Andéol ne cède ni aux menaces, ni aux promesses, refuse avec force de renier sa foi. Après l’avoir fait torturer, Septime Sévère le fait jeter dans un cachot, puis ordonne sa mise à mort.
Andéol meurt la tête « fendue en croix par une épée en bois », pour démontrer qu’il n’y avait la trace d’aucun dieu dans son crâne !
Son corps, jeté dans le Rhône, y est recueilli par une riche gallo-romaine secrètement convertie, Amycia Eucheria Tullia, épouse de Barbinius. Elle fait ensuite creuser dans sa maison un oratoire où elle dépose les restes de saint Andéol, dans le sarcophage qui avait contenu le corps d’un enfant de sa famille, pour ne pas éveiller les soupçons et les protéger ainsi de toute profanation.
De nombreux villages du sud de la France se sont donc appelés d’après ce Saint.

Au 14ième siècle la Seigneurie de Trouilhas fait édifier un château fortifié sur une hauteur stratégique de ce qui est maintenant la Grand-Combe et, à peu près à la même époque, une chapelle en l’honneur du Saint Andéol.
Au 15ième siècle, les seigneurs de Saint-Andéol de Trouilhas étaient les Martinas, puis les Duranc et, en 1513, la famille Bony. On se souvient de l’archive de février 1514 qui mentionne un certain Pierre Papel mineur de houille à Saint-Andéol de Trouilhas !
Sous le règne de Louis XIV (1638-1715), le prieur perpétuel Champaign de St-Andéol de Trouilhas assure le service du culte et le poursuivra jusqu’en 1676. Sa paroisse est très importante et comprend les lieux de : Laval, Cadacut, St Pierre du Mazdieu, Cassagnettes, Cassagnes, Malbosc, Le Mazel, Ribes, l’Arboux, les Salles du Gardon, Pourquairargues et Jouvenargues, le mas du Pradel, le mas du Pontil, Le mas de Puzor, le mas des Oules, le mas de Lascous, le château de Trouilhas et de nombreuses métairies, lieux de vie et communautés.
En 1652, Jeanne Gabrielle de Bony vend les deux châteaux de Trouilhas et de Pradel ainsi que les terres attenantes à la famille Roquefeuil-Gabrial.
Autour du château de Trouilhas et de la chapelle Saint-Andéol, de plus en plus d’habitations se sont implantées au fil des siècles. Les villageois se dédient généralement aux cultures vivrières, à l’élevage des moutons, à la culture des châtaignes et des muriers pour l’élevage des vers à soie dans de petites magnaneries, mais ils creusent aussi par-ci par-là des puits pour en tirer une drôle de terre noire : « la terre qui brûle » ! Cette activité artisanale perdure d’ailleurs depuis très longtemps, et même les romains auraient utilisé ce combustible.

En 1703 le village de Saint-Andéol est ravagé par les Camisards : 7 villageois furent massacrés. Le château fut pillé et brûlé lors des combats
Au Pradel, leur chef Joany employa une ruse : vêtu en habits de soldats royaux, il pénétra dans le village avec 700 rebelles. Comme il était bien monté et coiffé d’une perruque, les habitants s’avancèrent sans méfiance, le prenant pour un soldat royal : Joany fit faire une décharge qui tua 20 personnes.
En 1770, le château (restauré) est revendu par les Roquefeuil-Gabrial à Antoine Deleuze fermier général du Comté d’Alais.

Le château de Trouilhas, a appartenu à partir de 1782 au Marquis de Castries, Maréchal de France, Ministre de Louis XVI, Gouverneur de Montpellier et de Sète. Il va tenir tête au Marquis de Tubeuf venu sur Ordre Royal en 1773 exproprier les petits exploitants du Gard de leurs mines individuelles pour les utiliser à son profit et celui du Roi. Sous l’impulsion de Castries, Tubeuf rencontrant une certaine résistance, une violente bataille eut lieu : Jacques Delezon de Cadacut, Antoine Favède et Jean Soustelle, le 21 mai 1784, s’opposèrent à Tubeuf, qui sera chassé à coups de pierre de Saint Andéol et aura un œil crevé. Dans un arrêt du 29/12/1786 Tubeuf est dépossédé des mines de Saint Andéol de Trouilhas au profit de Castries et de ses villageois. Tubeuf quittera les Cévennes et sera tué en 1795 par des Indiens en Amérique ou il aura tenté sa chance.
Par la suite, la grande folie des concessions minières et des luttes pour le partage des terres avec intrigues et trahisons, a forcé les habitants à déserter les lieux. Le château, la Chapelle et les habitations ont donc progressivement été laissés à l’abandon. En 1808 les archives mentionnent qu’il reste encore 492 habitants à St-Andéol.
Le 2 février 1825, le roi Charles X signait l’ordonnance par laquelle « Les communes de Saint Andéol-de-Trouilhas, du Mas-Dieu et la partie de Laval sont réunis, ayant Laval pour chef-lieu. » La commune a gardé le nom de « Laval » jusqu’au XX° siècle.
C’est par un décret du 11 août 1937 qu’elle est devenue Laval-Pradel.
Après la révolution, le château de Trouilhas et ses dépendances appartiennent à André Francezon dont l’héritier le céda en 1886 à Clovis Rouquette, négociant en vins. En Mai 1918, il est vendu à la Compagnie des mines de la Grand-Combe.

Le château va servir de grange et d’étable avant d’être complètement abandonné dans les années 1960.
En 1990, la commune de Laval Pradel le rachète aux Charbonnages de France.

Un peu au-dessus du château se trouve la petite chapelle de Saint-Andéol avec devant, le traditionnel cimetière. On y trouve encore aujourd’hui des pierres tombales du XIX °, ce qui montre bien que le village fut habité bien après le passage des camisards en 1703.

On peut lire sur cette pierre : " Ici git, Pierre BIALES Epoux de Hélène DARDAILHON, décédé le .. juin 1878 à l’âge de 53 ans, Priez pour lui"

Les ruines du château sont aujourd’hui envahies par la végétation. On devine néanmoins au milieu des arbres, une ancienne bâtisse carrée munie de deux tours rondes et précédée d’une dépendance rectangulaire, et un grand réservoir en contre bas des « remparts ».
Le château était étayé par de puissants contreforts. Si la récupération des pierres par les habitants des alentours et l’érosion due au temps ont nivelé les parties habitables, il n’en subsiste pas moins une série de caves intactes. L’une d’elles, voutée, est munie d’une porte d’angle à arc brisé donnant accès à la tour.

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