La maison restant inoccupée, mon oncle Tony proposa de la leur louer pour y jouer de la musique occasionnellement le samedi soir avec son Doctors’ Jazz Society. L’endroit, très isolé, était idéal avec aucun risque de déranger les voisins. Beaucoup d’artistes connus et de personnalités locales y sont passés et la Campagne a ainsi connu son heure de gloire ! J’y allais assez souvent, amené par mon oncle Tony. J’adorais cette ambiance de club de Jazz parisien avec beaucoup de monde, de bruit et de fumée de cigarettes, qui brisait tous les interdits.
Sur la photo, devant la véranda des Moulières en 1968 : au centre Mezz-Mezzrow, clarinettiste et figure illustre du Jazz traditionnel américain qui félicite Michel. A gauche, Armand Rodino bassiste professionnel, Zabeth, François Mathieu (derrière), Bernard, Jean-Louis et Dédée avec la robe bleue.
Nous, la bande des six cousins très soudés que nous étions, avons aussi formé ensuite un petit orchestre de Jazz familial, le Hot Sugars’ Jazz Band, pépinière de talents qui ont ensuite pour la plupart migré vers le Doctors’ Jazz Society (pas moi).
On y organisait aussi des anniversaires et des « booms » entre jeunes certains samedis après-midi où on dansait et on draguait comme des fous, sur des musiques d’Elvis Presley dont ma cousine Zabeth était folle-dingue !

Sur la photo : Zabeth au piano, Bernard au banjo, Michel à la clarinette, François-Mathieu au cornet, moi Jean-Louis à la trompette, et Jean-Luc Colonna aux drums. La photo est prise dans l’ancienne cuisine. L’armoire à droite dissimule la porte de l’escalier en colimaçon qui mène aux chambres.
Quand ma grand-mère décida de vendre la propriété, sous prétexte de nous faire profiter de son argent, nous étions déjà grands, mais ce fût un déchirement immense.
Mais il n’y avait pas vraiment de discussions possibles, d’autant plus que mon père lui aussi avait besoin d’argent pour faire construire la maison du Brusc !
La maison des Moulières fût détruite et la propriété morcelée en une vingtaine de lots par le promoteur immobilier. La page était définitivement tournée ! Depuis, le lieu est méconnaissable, mais nous y repassons de temps en temps en souvenir des jours anciens !
Par contre la maison d’Emilienne est abandonnée mais toujours intacte (en 2021), jusqu’à quand ?